Bon, c’est vrai que ce n’est pas tout à fait ce qui était prévu pour célébrer la Saint Jacques mais Marie m’a convaincu de renoncer à mon projet initial car elle souhaitait rester entre filles pendant leurs vacances et ça se respecte.
Ajoutons à cela que j’ai dû faire appel au service de support de TOPEAK parce que l’axe traversant que j’ai commandé n’est pas compatible avec le bras de ma remorque mono-roue : j’ai donc commandé un deuxième bras (yoke) dont l’écartement est de 180 mm et je vais garder le bras d’origine pour le monter sur l’axe classique de mon VTT musculaire. N’étant pas certain de trouver la pièce et d’être livré à temps, j’ai donc monté à la hâte le porte-bagages sur un tout nouveau système de fixation TUBUS sur haubans, bien plus solide que celui testé précédemment. Au moins, avec les sacoches de porte-bagages j’étais certain d’avoir un plan B et c’est ce que je voulais tester aujourd’hui.
La veille, j’ai donc tracé un itinéraire totalement inédit comportant essentiellement de la route et du dénivelé mais aussi quelques passages typés gravel pour vérifier le comportement du matériel et du pilote à pleine charge et j’ai choisi de me rendre à Mazamet en passant pas Verfeil, Lavaur et Castres à l’aller et par Sorèze, Revel et Caraman au retour. A partir de Sorèze, je n’étais d’ailleurs plus dans l’inconnu car j’avais déjà effectué deux variantes de ce segment, une première fois en solo et une autre fois avec mon ami Philippe C., il n’y a pas très longtemps de cela.
D’entrée, je suis agréablement surpris car je n’ai pas du tout l’impression de transporter tente, sac de couchage, matelas, tapis de sol, vêtements de rechange et tout mon barda habituel. Le tout doit largement dépasser les 15 kgs mais rien ne bouge et je pédale sans peine. Je vais même aussi vite que d’habitude, même en montée : tant mieux car aujourd’hui, il va y avoir du dénivelé ! Par contre, le vent est bien présent et il souffle plutôt fort, comme annoncé la veille sur la géniale application Windfinder que je recommande d’ailleurs de consulter avant chaque sortie. Dans les deux descentes successives avant Verfeil et Lavaur, il souffle latéralement et en rafales : les sacoches offrent une prise au vent assez importante et je manque plusieurs fois d’aller au tapis en guidonnant. J’ai beau avoir un volume de 35 litres sur le porte-bagages, je vois mal comment je pourrais répartir le poids différemment, de manière à ce que l’arrière soit moins lourd.
A Lavaur, virage à 35° et cette fois, j’ai le vent dans le dos. Le pédalage est fluide et sans trop d’effort. J’ai bien écouté les conseils avisés de Philippe D., mon ami Strasbourgeois avec qui je discute très régulièrement : les grandes distances, ça le connait et je l’entends encore me dire de rouler à l’économie, ce que j’ai essayé de faire. Je redoutais un peu d’emprunter la D112 à cause de la circulation mais finalement elle n’est pas trop fréquentée et à cette heure, la majorité des gens sont déjà au travail. C’est presque plat sur 35 kms de Lavaur à Vielmur-sur-Agout et on traverse de charmantes petites localités comme St-Paul-Cap-de-Joux ou Guitalens-L’Abarède, des noms qui sonnent bien. Je m’arrête sur une aire de repos déserte pour passer un petit coup de fil à Marie afin de la rassurer en dévorant mon sandwich.
J’atteins rapidement Castres où je crois reconnaître le restaurant où j’ai mangé avec Marie et sa sœur Régine quand elle y travaillait encore et je prends le temps de faire quelques photos de cette ville bien sympathique puis je reprends la route en direction de Mazamet et les premières pentes un peu sérieuses entre 4 et 6% sur une dizaine de kilomètres avant d’atteindre le point culminant de la journée à Augmontel. Dès l’entrée de Mazamet, j’ai franchement bifurqué à l’ouest sans véritablement entrer dans la ville. Pas de regret car, pour ce que j’en ai vu et au contraire de Castres, la ville m’a paru bien tristounette.
Changement de décor dès Paryn-Augmontel puisque le vent d’ouest a passablement forci et me souflle maintenant en pleine face. Par moment, je suis un peu à l’abri en traversant des localités, des bois ou en longeant de magnifiques petites falaises. A d’autres, je dois lutter contre les éléments pour péniblement avancer entre 15 et 20 kms/h sur d’interminables portions de lignes droites. L’endroit porte vraiment bien son nom : Cap au vent ! J’atteins péniblement Labruguière, une charmante petite ville où je passe devant une boulangerie. Je n’y résiste pas, le vent m’a fait transpirer et j’ai besoin de manger salé. Je m’offre une boisson fraîche et un délicieux sandwich au poulet et sauce curry qui, une fois réchauffé, ressemble à un panini. Je prends le temps de m’asseoir sur un banc pour le déguster tranquillement car je sais que la suite du parcours est un enchaînement de petites côtes entre St-Affrique-Les-Montagnes et Sorèze, avec un court passage à 9% et plus. Au km 119, peu après Dourgne et avant St-Amancet, le GPS me sort de la route pour m’entraîner sur une piste gravel. Je tombe sur une magnifique clairière où j’hésite à planter le bivouac mais il est encore trop tôt et après avoir englouti une compote, une barre de céréales et une pomme, je sens que je suis encore en très bonne forme physique pour espérer rentrer avant la nuit et dormir dans mon lit. Un peu de crème NOK pour soulager mes petites fesses (avec un cuissard neuf, celui de la tenue aux couleurs de GravelPassion.fr que j’ai décidé d’inaugurer aujourd’hui, les frottements sont un peu plus marqués au fil des longues heures de selle et il faut le roder), et c’est reparti.
Jusqu’à Revel, je traverse une magnifique voie verte dont j’ignorais l’existence avant de retrouver des voies déjà empruntées avec Philippe C.
Le reste du parcours m’est maintenant familier. Je passe Montégut-Lauragais avec une étonnante facilité, Auriac-sur-Vendinelle un peu plus difficilement et le clocher de Caraman se voit de très loin mais je dois encore m’employer avant d’y arriver. Puis Lanta, Drémil-Lafage, Quint-Fonsegrives, Balma et enfin St-Jean.
