Test sur une longue distance

A ma connaissance, tous les membres d’Ô Gravel inscrits au BRM 200 du CC Castanet ont fini par renoncer en raison de la pluie discontinue et surtout des très fortes rafales de vent de ce samedi. Karine, Gilles et Julien se sont rabattus sur une très belle sortie dans les Pyrénées en compagnie de Stéphane, le mari de Karine. Ils m’ont bien sûr invité à me joindre à eux mais j’ai préféré m’abstenir, compte tenu de ma condition physique du moment.
Je n’étais certainement pas en mesure de les suivre sur un tel dénivelé et avant que Karine ne m’envoie son message, j’avais déjà planifié ma sortie du lendemain. A défaut de grive, on mange donc du merle et c’est l’occasion de tester mon vélo de gravel sur une longue distance et des terrains variés.

J’ai mis mon réveil à sonner à 6h15 car j’espérais partir vers 8h00 et rentrer avant la tombée de la nuit mais en levant les volets, j’ai constaté que la pluie n’avait cessé de tomber. Je me suis donc recouché une bonne heure après avoir pris mon petit déjeuner et j’ai bien fait car il n’en fallait pas plus pour que la pluie cesse définitivement.

J’ai donc décollé de St-Jean peu avant 10h30 pour rejoindre les abords du canal du Midi. J’ai d’abord été très surpris par le nombre de sportifs, principalement des coureurs à pieds mais aussi quelques cyclistes, que j’ai croisé sur les berges du côté de Ramonville-Saint-Agne. Mais au fur et à mesure que je m’éloignais de la ville et quelques kilomètres après Castanet-Tolosan, je me suis rapidement retrouvé face à moi-même, ne croisant plus que quelques marcheurs alors que je filais bon train sur ce long ruban de bitume qui longe le canal jusqu’à Port-Lauragais et où il n’y a aucune chance de croiser la moindre voiture, à l’exception des quelques routes départementales qu’il faut traverser. Je l’ai déjà emprunté quelques fois par le passé mais jamais au-delà de la section asphaltée car j’étais alors en vélo de route. Avec un vélo de gravel, on passe presque partout et c’est bien là son principal avantage. Ma bande de roulement est certes de 40 mm contre 25 à 28 mm sur un vélo de route mais les pneus sont presque lisses et cela permet de belles pointes de vitesse. Pas de gros développements non plus mais en tirant un 38×11, on peut facilement soutenir un petit 30 km/h sans trop se fatiguer.

J’adore filer ainsi le long de l’eau en observant les péniches accostées aux abords des écluses. Certaines sont habitées à l’année et il n’est pas rare de saluer des gens qui séjournent à bord et qui prennent l’apéro sur le pont.

A Port-Lauragais, changement radical de décor en direction du fameux Seuil de Naurouze que j’ai eu l’occasion de découvrir l’an dernier, lors d’une mémorable sortie en compagnie de quelques membres d’Ô Gravel. J’ai retrouvé avec plaisir ce lieu unique chargé d’histoire en traversant la magnifique allée des platanes. J’ai pris un peu de temps pour visiter ou revisiter quelques endroits, dont le bief de partage des eaux. C’est en effet ici qu’arrive l’eau provenant de la Montagne Noire et du Lac de St-Ferréol après avoir suivi la rigole de la plaine creusée pour donner naissance au projet pharaonique de Pierre-Paul Riquet : l’une des branches se dirige vers l’Océan Atlantique tandis que l’autre rejoint la Mer Méditerrannée. Tout cela se passait sous le règne de Louis XiV, le roi soleil et pour autant que je sache, il n’y avait pas de pelle mécanique à cette époque.

Après quelques photos pour immortaliser le moment, j’ai donc repris ma route – ou plutôt, mon chemin – car pour rejoindre Revel, j’ai choisi de suivre les 38 kilomètres de la rigole de la plaine. Bien arrosé par le récent épisode pluvieux, le terrain était plutôt gras par endroits et le passage de grosses racines m’a fait prendre la mesure de la différence entre un VTT tout suspendu et un vélo de gravel. Mes avant-bras s’en souviendront, tout comme mes lombaires et mes genoux ! Je ne suis pas mécontent d’arriver au spendide petit lac de Lenclas où je prends quelques instants pour dévorer une barre de céréales, boire une gorgée et souffler un peu. Je commence également à m’inquiéter car mon premier bidon est presque vide et la contenance du deuxième est bien moindre or je n’ai pas vu le moindre point d’eau jusque là et il reste une petite quinzaine de kilomètres jusqu’à la ville.

En parcourant les rues de Revel, j’aperçois un sympathique couple et leurs enfants, rentrant visiblement chez eux après une balade en vélo. Je me permets de les interpeler en leur demandant s’il leur est possible de remplir mes bidons, ce qu’ils font avec empressement. Nous prenons le temps de discuter un peu et ils ont l’air surpris d’apprendre que je viens de faire plus de 100 kms et que je vais rentrer à Toulouse en vélo. Ils m’apprennent également que la route que je m’apprétais à emprunter pour grimper jusqu’au Lac de St-Férréol comporte des passages à 18% : Ooops ! Du coup, je prends conscience que la longue portion de pur gravel a passablement entamé mes ressources et qu’il serait peut-être temps de penser à rebrousser chemin car, mine de rien, le temps a passé très vite et nous voilà déjà au milieu de l’après-midi. Du coup, il devient peu probable que je parvienne à retourner vers St-Jean avant la tombée de la nuit mais je ne m’en fais pas car j’ai l’éclairage nécessaire pour voir et être vu.

Mon matériel semble avoir souffert sur les chemins : de la boue ou quelques petits grains de sable ont du gripper l’axe du pédalier qui s’est soudainement mis à faire un bruit un peu inquiétant. Malgré plusieurs arrêts pour tenter de le nettoyer avec un chiffon et un peu d’eau, rien n’y fait mais je n’ai d’autre choix que de continuer. Moins grave, je passe de temps en temps d’un pignon à l’autre sans actionner levier de vitesse, autant de petits réglages à prévoir au retour.

Il reste encore quelques portions de gravel jusqu’à Caraman et au sortir de la ville, un énorme St-Bernard sorti de nulle part est passé sous la clotûre et tente de me croquer les mollets en pleine pente. Heureusement, il a juste goûté ma chaussures et s’est pris un retour de manivelle dans les crocs mais impossible de tenter de lui échapper dans ces conditions. Je n’ai donc d’autre choix que de déclipser en catastrophe et de lui faire face en faisant barrage avec mon vélo. Visiblement moins attiré, il a fini par se calmer un peu et à reculer en continuant à aboyer. C’est le moment de faire confiance au proverbe : chien qui aboie ne mord pas et je me suis empressé de remonter en selle, non sans me retourner plusieurs fois afin de m’assurer qu’il a définitivement renoncé à son diner. C’est un risque permanent quand on emprunte des petites routes de campagnes isolées. Un peu plus loin, entre Montégut-Lauragais et Auriac-sur-Vendinelle, un autre toutou à peine moins gros que le premier, me prend en chasse mais cette fois, bien lancé dans une portion de faux-plat descendant, je n’ai aucune peine à le semer en sprintant sur quelques dizaines de mètres.

Il me semble que je me suis alimenté et hydraté correctement jusque là, mais les forces commencent à me manquer. Je transpire énormément et j’ai quelques frissons alors que la température est relativement douce et que je suis suffisament couvert. Ce sont les signes annonciateurs d’une fringale imminente et je décide de m’arrêter quelques instants pour faire une pause et dévorer la pomme que j’ai eu la bonne idée d’emporter dans ma sacoche de cadre. Elle me donne la force nécessaire pour passer les dernières petites bosses avant Caraman.

De là, je décide de changer l’itinéraire initialement prévu et plutôt que d’aller au plus court par Saussens, je prends la D1 bien plus roulante pour chercher Lanta, St-Pierre-de-Lages et Montauriol. Vers 18h30, la plupart des gens sont rentrés chez eux et la circulation n’est pas très dense. Comme je le pensais, le soleil a maintenant disparu sous la ligne d’horizon et je me dirige vers Quint-Fonsegrives et Balma dans l’obscurité, éclairé par mon puissant phare. Saint-Jean n’est plus qu’à quelques coups de pédales et ma petite femme m’a annoncé au téléphone que mon bain est déjà en train de couler. C’est décidément bien agréable de passer directement à table en descendant de vélo : tout le monde n’a pas cette chance d’être attendu et dorloté après l’effort.

Une belle et longue journée qui m’a toutefois fait prendre conscience de mon niveau : le poids des années commence vraiment à se faire ressentir. Il est peut-être temps que je commence à réfléchir différemment et que je révise mes ambitions à la baisse en choisissant un peu mieux mes objectifs. Les gros pourcentages passent de moins en moins bien et je suis désormais davantage attiré par la longue distance tout en mixant route et chemins.

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Trace et profil

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Relevés GPS

Départ
12/03/2023 10:24:20
Durée de déplacement
08:26:00
Durée totale
09:35:26
Arrivée
12/03/2023 19:59:46
Distance
163.35 kms
Dénivelé positif
650 m
Vitesse moyenne
19.4 kms/h
Vitesse maximale
71.9 kms/h
Altitude minimale
135 m
Altitude maximale
289 m
Puissance
131 W
Dépense énergétique
3975 kJ

Conditions

Météo
Nuageux
Température
13 °
Humidité
88 %
Vent
6.8 kms/h
Direction du vent
ONO

Autres participants

Aucun

Vélo utilisé

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