TdF féminin à Puycelsi – Jour 1

Réveil à 05:00 du matin après une nuit courte et agitée : cette fois, j’avais tout préparé la veille, après une petite visite improvisée de Julien qui est passé m’apporter un petit cadeau d’anniversaire (c’est pas mignon ça ?… en plus c’est en rapport avec mon vélo et aux mêmes couleurs : rouge et noir). Merci mon pote, dans moins de deux semaines, on va devoir se supporter pendant une bonne quinzaine de jours mais je crois que ça ne va pas être trop compliqué.

Après un solide petit déjeuner, je me mets en route aux premières lueurs du jour et la température est idéale. J’hésite quelques secondes à enfiler mes manchettes mais finalement, je décide de partir sans et je m’en félicite rapidement car il fait bon rouler au frais. Dès le départ, deux petites côtes m’attendent pour atteindre Lapeyrouse-Fossat et je me souviens du fameux réveil musculaire mentionné par mon ami Philippe. La veille, je me suis rendu chez Thierry à Garidech afin qu’il me remplace le boîtier de pédalier et j’ai trouvé très difficile une petite montée que je passe d’habitude sans le moindre problème. Mais très vite, je me rassure en constatant que les jambes tournent bien.

Le lever du jour est quelque chose de vraiment fascinant et je me régale chaque fois que j’en suis témoin, tout comme d’ailleurs le coucher du soleil. Ce matin, je suis aux premières loges sur la D45 que j’affectionne tant et les couleurs rougeoyantes sont magnifiques. Un peu plus loin, je découvre que des travaux sont en cours et que la route est barrée. Il y a moins de deux semaines, nous sommes passés sans problème au même endroit avec Marie et Alain mais cette fois, une tranchée infranchissable m’oblige à faire un petit détour par un petit chemin bien pentu. Difficile d’imaginer une mise en jambes plus tonique car dès la sortie de la forêt, c’est un véritable mur qui m’attend pour entrer dans le village de Villariès. Je finis par retrouver la D45, de l’autre côté de la tranchée. J’ai dû perdre une petite demi-heure dans l’histoire mais pour autant, je ne suis pas inquiet car j’ai prévu large en partant aussi tôt.

J’ai assez vite rejoint les bords du canal de la Garonne à Castelnau-d’Estrétefonds et à partir de là, je sais que c’est presque plat jusqu’à Montauban. Je me concentre pour rester dans une moyenne horaire raisonnée, appliquant toujours les recommandations de Philippe et je dois bien avouer que c’est très efficace car j’avance sans trop me fatiguer. Du coup, j’ai le temps de réfléchir et je bois une ou deux gorgées tous les 10 kilomètres sans avoir soif. Quand j’atteins Montech, je décide de me rendre à la pente d’eau pour faire le plein car même si mon premier bidon est encore presque plein, je ne sais pas trop où sera le prochain point d’eau. Malheureusement, les toilettes sont encore fermées et j’ai fait ce petit détour pour rien. J’en profite pour essayer de joindre Marie au téléphone mais elle doit encore dormir et je tombe sur sa messagerie.

Montauban arrive très vite, une bonne demi-heure plus tard. J’adore le petit port où sont amarrés péniches et bateaux de plaisance. Cette fois, Marie me répond et me rappelle de souhaiter l’anniversaire de Nicolas, son aîné, ce que je fais dans la foulée. Un peu plus loin, je trouve une boulangerie et je fais une courte halte, pris d’une soudaine envie de café, accompagné d’une petite viennoiserie. Je vais le regretter quelques kilomètres plus loin car un nouveau mur m’attend à la sortie de la ville, en direction de Beausoleil et de St Martial. Un bon 15%, je pense, qui ne figure absolument pas sur la carte mais qui est bien réel. Le café au bord des lèvres et le souffle court, il n’aurait pas fallu que cette montée dure 5 minutes de plus et je prie que ce soit la dernière du genre avant longtemps.

Le ciel semble avoir entendu mes prières : je prends très rapidement de l’altitude et je commence à me sentir de mieux en mieux. Je grimpe sans plus aucune difficulté, ce qui me permet de profiter du paysage, absolument splendide. J’ai une petite pensée pour Julien qui est natif du coin et je me promets de revenir dans le coin, sur ces hauteurs. Je passe successivement Bellegarde, Boudennes, St-Amans, Simental, La Salvetat-Belmontet pour finalement atteindre Monclar-de-Quercy et son magnifique plan d’eau, une base de loisirs je crois. J’ai la surprise d’y apercevoir ce que, de loin, je prends d’abord pour un canard mais qui est en réalité un nageur en PMT (palmes, masque et tuba). Visiblement un habitué du coin. Tout en dévorant une barre de céréale et une compote de fruits, je ne peux m’empêcher de l’observer avec curiosité et intérêt, étant moi-même un ancien plongeur breveté. En fait, la véritable raison, c’est que je suis au pied d’une énorme côte que j’avais repéré avec une certaine appréhension en traçant mon itinéraire. Sur le papier, elle est donnée pour du 11% ce qui est théoriquement ma limite (plus mentale que physique, d’ailleurs), mais en réalité, elle est encore plus dure que cela et suffisamment longue pour que je vire au rouge écarlate. Je la monte sur le plus grand pignon et je suis bien à la peine mais je ne panique pas, je gère au mieux respiration et poussée et je suis surpris d’en arriver au bout sans avoir même l’idée de poser pied à terre. Décidemment, je vais de meix en mieux dans les côtes, sans pour autant me mettre dans la peau d’un grimpeur. Avec 10 kilos de moins, qui sait, je pourrais peut-être m’attaquer à de vrais petits cols pyrénéens, à défaut de me (re)faire le Tourmalet de mes trente ans ?

En attendant, je me contenterai de ce long faux-plat qui prolonge la grimpette sur une bonne dizaine de kilomètres à travers bois, jusqu’à l’entrée de Fontaine-Mongrèze. Du coup tout me parait presque facile : après une courte et très rapide descente jusqu’à Le Teron, suivent deux belles ascensions avec les côtes de Guarnabach et de Puycelsi, toutes deux classées en 4ème catégorie. C’est au sommet de cette dernière que j’ai décidé de m’arrêter pour voir passer le Tour de France féminin 2023.

L’heure du passage des concurrentes était annoncé pour 15:41 et il est à peine près de 13:00. J’aurais eu largement le temps de faire un détour au village pour me ravitailler en eau mais je ne sais pas pourquoi, j’ai décidé de rester sur place avec à peine plus d’un demi bidon d’eau (chaude qui plus est) et de m’installer à la meilleure place possible avant que d’autres spectateurs ne me la chipent. Pour tuer le temps, je discute avec quelques uns, tantôt en Français, tantôt en Allemand et en Anglais car les touristes étrangers se sont déplacés en nombre pour assister à l’événement et encourager leurs championnes nationales. Quelle ferveur !

Cependant, le spectacle vaut-il vraiment la peine d’attendre près de 3 heures sous un soleil de plus en plus présent ? Au regard des quinze secondes que les coureuses mettent pour passer devant vous, certainement pas, mais quand on aime, on ne compte pas. J’ai eu tout le loisir de penser à ce jour où mon grand père maternel m’a emmené au col du Pflatzerwasel le jour de mes 10 ans. Raymond Poulidor, notre héros national, était passé en tête au sommet avec une bonne avance. Il était malheureusement tombé dans la descente et c’est finalement Jésus Aranzabal qui a remporté l’étape. Nostalgie !… Et pauvre Poupou qui décidément en a manqué, des occasions de gagner enfin le Tour de France, durant sa très longue carrière.

Une fois les concurrentes passées, ma principale préoccupation devient de trouver un point d’eau et je décide de rallier Castelnau-de-Montmiral après une belle descente et une dernière ascension comprenant un passage à 8%. J’y trouve le cimetière dont je rêvais et fais le plein d’eau fraîche, puis je me lave un peu le visage, les bras et les jambes. Passé Gaillac, la suite du parcours est plat ou en léger faux-plat. J’en profite pour dérouler tranquillement et admirer le paysage en rêvant à de longues traversées à vélo. Je me sens tellement bien que j’aurais envie de poursuivre, voire de terminer les 250 kms de l’itinéraire complet mais j’en suis à peine à 150 et je dois trouver un endroit pour bivouaquer. J’en repère plusieurs qui ont un bon potentiel mais ils sont toujours un peu trop visibles depuis la route. Je passe Montans la bien nommée, je finis par m’engager sur un petit chemin prometteur et là, je trouve l’endroit rêvé, complètement à l’abri des regards : une grande clairière parfaitement plate et herbeuse entre vignobles et forêt épaisse : là, c’est certain, personne ne viendra me déranger. A toutes fins utiles, je cadenasse tout de même mon vélo autour d’un arbre tant que j’y vois quelque chose et je regroupe toutes mes affaires.

Le sketch de l’année arrive maintenant !
En montant la tente monoplace que Thierry m’a prêté afin que je puisse me faire une idée sur la nécessité d’acheter une tente plus grande pour le périple en Alsace, je m’aperçois que les indispensables sardines ne font pas partie du package. Du coup, je n’ai d’autre choix que de dormir à la belle étoile en me servant de la toile de tente comme d’un bivy pour me protéger de la rosée. Je me sens un peu ridicule mais finalement, c’est un mal pour un bien car le ciel est parfaitement dégagé et je profite du spectacle qu’offrent les étoiles. C’est d’ailleurs un son et lumières car dans la commune voisine, c’est la fête au village et l’orchestre se donne à fond. Ce serait presque plaisant si le batteur n’était pas à contretemps des autres musiciens. Néanmoins, après avoir appelé Marie pour la rassurer et après avoir partagé quelques photos avec les copains, je suis au chaud dans mon sac de couchage et allongé à la fois sur un tapis de sol en papier à bulles et un matelas autogonflant, je finis par trouver assez facilement le sommeil. Ca se présente donc plutôt bien pour ma première nuit en bikepacking, en dépit du comique de la situation.

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Trace et profil

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Relevés GPS

Départ
28/07/2023 06:18:49
Durée de déplacement
08:03:31
Durée totale
13:03:39
Arrivée
28/07/2023 19:23:27
Distance
155.59 kms
Dénivelé positif
1120 m
Vitesse moyenne
19.3 kms/h
Vitesse maximale
63.5 kms/h
Altitude minimale
78 m
Altitude maximale
298 m
Puissance
82 W
Dépense énergétique
2376 kJ

Conditions

Météo
Dégagé
Température
18 °
Humidité
88 %
Vent
7 kms/h
Direction du vent
O

Autres participants

Aucun

Vélo utilisé

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