Sortie à la journée avec l’école de Lapeyrouse-Fossat

Pour les classes de CM1 et de CM2 de Lapeyrouse-Fossat, c’est le grand jour. Non seulement les élèves se sont préparés intensément pour cette nouvelle sortie mais aussi, ça sent les vacances d’été et pour les plus âgé(e)s, il n’y aura pas de prochaine fois car c’est le collège qui les attend l’année suivante. Je doute vraiment qu’ils ou qu’elles retrouvent un M. Schiavi à la rentrée. C’est un peu comme si, en septembre, un nouveau président venait à diriger Ô Gravel : c’est tout bonnement inconcevable pour nous autres membres de l’association, mais pourtant une réalité pour beaucoup de ces jeunes car il a beau être parfois un peu rude avec eux, j’ai constaté une fois de plus à quel point il était aimé.

Toujours un peu en délicatesse avec mes membres inférieurs malgré deux jours de repos forcé, j’ai choisi de prendre mon VAE pour accompagner cette sortie. Levé à 5:30, j’ai rejoint Thierry chez lui à Garidech où nous avions convenu de nous retrouver vers 7:30. De là, la Forêt de Buzet n’est qu’à une bonne dizaine de kilomètres mais il y a tout de même un peu de relief et si j’ai l’assistance électrique pour m’aider à passer les bosses sans effort ou presque, Thierry pilote un tandem sans passager (…pour l’instant) et cela demande beaucoup plus d’énergie. En effet, Camille et Damien, deux pensionnaires de la Fondation Marie-Louise de Gratentour avec laquelle j’ai déjà roulé quelque fois, ainsi que Bruno qui est chargé des animations sportives de l’association, nous accompagnent comme c’est parfois le cas.

Les élèves arrivent sur le lieu de départ en compagnie des parents et des autres accompagnants. Pas moins d’une vingtaine d’adultes sont nécessaires pour encadrer ces jeunes et je connais déjà la plupart d’entre eux, certains uniquement de vue et d’autres pour avoir déjà roulé en leur compagnie comme les deux Jean-Pierre, Johan, Franck, Oriane et Delphine, sans oublier Bertrand, l’autre maître d’école et l’incontournable Jojo qui nous accompagne dans la voiture-balai et qui s’occupe des ravitaillements avec Romain. C’est toujours très agréable de les retrouver, réunis autour d’une même cause : partager de bons moments avec les gamins sans pour autant bouder notre propre plaisir.

Thierry m’a affecté avec Pierre et Romain à un groupe de 7 élèves dont fait partie Gustave, mon petit protégé. Comme je l’ai déjà encadré individuellement lors de la dernière sortie avec les CM1, je me suis spontanément proposé de m’occuper une nouvelle fois de lui. Gustave adore faire du vélo mais son handicap ne lui permet pas de suivre les autres sur tous les terrains et dès les premiers mètres sur les chemins torteux de la forêt, j’ai bien vite compris qu’il n’y arriverait pas. De plus, ses parents viennent de lui acheter un magnifique nouveau vélo mais il est encore un tout petit peu trop grand pour lui et il a beaucoup de mal à trouver les pédales pour peu que le chemin soit un peu incliné. J’ai donc appelé Thierry pour l’informer de ma décision de l’emmener sur l’allée centrale qui permet de rejoindre directement le parking nord depuis le parking sud. Là au moins, l’allée est bien large et il n’y a ni racines à franchir, ni ornières à éviter, et au pire, je peux facilement descendre de vélo pour le relancer quand il n’y parvient pas tout seul, ce que j’ai dû faire un nombre incalculable de fois.

Gustave ne parle pas beaucoup mais il suffit de l’intéresser avec des sujets comme sa famille (il a deux petits frères, Basile et Ferdinand), les animaux et bien entendu le vélo pour qu’il devienne un peu plus bavard. Comme il ne cesse de me demander l’heure, je comprends qu’il a déjà faim et je partage avec lui tout ce que j’ai emporté pour moi en complément de mon sandwich, à savoir gels, compotes et assortiment de fruits secs, amandes et graines. Il a bon appétit, le bougre ! L’attente est longue avant que les autres nous rejoignent, nous faisons donc quelques petits tours à proximité en les attendant et lorsque c’est finalement le cas, nous revenons d’où nous sommes partis, c’est-à-dire le parking sud. C’est là qu’a lieu le pique-nique et que tout le monde se pose pour casser la croûte en discutant.

Le vrai gros morceau, c’est pour l’après-midi, sur le parcours que quatre d’entre nous ont reconnu et balisé trois jours plus tôt. J’ai beaucoup d’admiration pour ces petits à l’idée de ce qu’ils ont dû affronter en gravissant la Montagnette, cette pente qui atteint 11% par endroit et qui, comme cela n’était pas assez difficile pour ces jeunes mollets, comporte plusieurs crevasses creusées par le passage des engins agricoles et masquées par les hautes herbes. Quand ça ne passe pas, il n’y a pas d’autre alternative que de descendre de vélo et de pousser. Même avec l’assistance électrique, j’ai dû m’employer pour rester en selle !

A la Bartasse, entre Bazus et Lapeyrouse-Fossat, nous faisons un arrêt chez Nicolas, un artisan local qui s’est lancé dans la production de spiruline et dont nous visitons les installations. Pour le coup, je retourne moi aussi sur les bancs de l’école pour (re)découvrir les innombrables bienfaits de ce produit dont je ne savais que très peu de chose, en réalité.

La cerise sur le gâteau, c’est à quelques kilomètres de l’arrivée que nous y avons tous droit. Le fameux passage en sous-bois et dont Thierry avait naïvement pensé qu’il aurait pu sécher entre temps. Dans tes rêves les plus fous, Monsieur le Directeur ! Au fil des passages, c’était même pire que trois jours plus tôt et pour corser le tout, Gustave est revenu dans la partie pour ce dernier tronçon après être monté se reposser dans la voiture-balai après le pique-nique. C’était déjà compliqué pour un adulte de tenir en équilibre, donc impossible pour lui de passer ce véritable marécage. J’ai donc posé mon vélo et porté mon petit copain sur quelques centaines de mètres tandis que d’autres se sont relayés pour porter son vélo, un grand merci à eux pour avoir volé à notre secours.

A notre arrivée, Gustave a eu droit à une véritable ovation de la part des autres élèves et des parents qui sont venus récupérer leur progéniture. J’ignore s’il a pris la mesure de son exploit mais en tous cas, moi j’étais bien content d’en finir… provisoirement. En effet, j’ai juste eu le temps de rentrer à la maison, de faire une petite cure de nettoyage pour débarasser le vélo des quelques kilos de boue et d’herbe accumulée lors de ce dernier passage, de prendre une bonne douche et de grignoter un peu avant de repartir pour l’école. En effet, Thierry a invité toutes les familles à échanger autour d’un apéro dinatoire avant de projeter un film résumant toutes les activités éducatives et sportives en marge du programme scolaire. J’ai eu le bonheur de participer à quelques unes d’entre elles, comme la visite de la Cité de l’Espace, l’ascension du Col des Ares et quelques sorties avec ou sans les élèves. L’occasion était belle de faire quelques nouvelles rencontres, en particulier les parents de Gustave qui m’ont remercié de m’être occupé de leur petit champion.

Avec le recul, si on me demandait pourquoi je m’investis à ce point dans ce genre d’activités, je serai bien en peine de donner une seule et même réponse qui vaudrait pour toutes les causes auxquelles je participe maintenant. Au départ, c’était certainement un mélange de curiosité et une façon de remercier Thierry pour tout ce qu’il m’a apporté depuis que j’ai rejoint Ô Gravel. Mais le virus s’est aujourd’hui propagé bien au-delà de la sphère directe de mon ami et des activités auxquelles il m’a invité à participer avec l’Ecole de Lapeyrouse-Fossat et la Fondation Marie-Louise puisque je roule également avec l’AVH et la vélo-école de la Maison du Vélo.
Altruisme, comme le soulignait récemment mon ami Philippe V. dans un de ses commentaires ? Pas vraiment certain que ce terme me corresponde, même s’il est vrai que j’aime partager mon amour du vélo avec ceux qui n’y auraient pas accès autrement qu’avec l’aide d’associations et de leurs bénévoles qui leur sont dévoués. En réalité, il y a certainement un mélande de plein de bonnes raisons mais le véritable dénominateur commun, c’est que j’y prends énormément de plaisir et que je reçois finalement bien plus que je ne donne.