Il ne pouvait en être autrement : la première sortie avec mon nouveau vélo de gravel ne pouvait s’effectuer qu’en compagnie de son ancien propriétaire, question de principe. Une façon non seulement de rendre hommage à Thierry que je considère comme étant mon mentor dans la discipline, mais aussi parce que je voulais lui confirmer que son STIFF avec lequel il a fait tant de kilomètres est toujours entre de bonnes mains (les miennes, désormais).
La sortie était donc hautement symbolique (plutôt que sportive) car j’avais décliné deux ou trois propositions pour lui réserver la primeur de mes premiers tours de roues et je remercie encore Thierry de s’être libéré spécialement pour l’occasion. Je vois cela comme une preuve supplémentaire d’amitié et de profond respect mutuel.
Pour la petite histoire, bien avant que Thierry ne fasse l’acquisition de son nouvau vélo CURVE en titane, je me rappelle lui avoir confié mon intérêt pour le STIFF s’il souhaitait s’en séparer un jour. Je crois que c’était lors de l’une de nos toutes premières sorties au sein d’Ô Gravel. Pas mal d’eau a coulé sous les ponts depuis et ça a pris du temps depuis le tout premier essai car à cette époque, la tige de selle était grippée et il a fallu l’expertise de son papa pour parvenir à la libérer en la sciant puis en la taraudant dixième de millimètre par dixième de millimètre sans la fragiliser ou l’abimer. Alors que je n’y croyais presque plus, il m’a enfin annoncé la bonne nouvelle !
Il est ensuite passé entre les mains de Thierry puis de Lionel pour le remontage après que j’ai pû me procurer les pièces détachées manquantes ou à remplacer. Merci au passage à tous ces deux mécaniciens hors pair car sans eux, j’y serais encore : l’un comme l’autre ont fait du beau boulot et tout fonctionne à merveille. Les vitesses passent sans un bruit, le freinage est mordant, le cadre est nerveux et ultra réactif, presque plus que mon ancien vélo de route full carbon récemment cédé à Julien. Il ne m’a pas fallu très longtemps pour le prendre en main et me sentir bien dessus et en confiance. J’ai remonté la tige de selle d’un bon centimètre, réglé les ressorts des pédales SPD sur une position un peu plus ferme, serré les cales et c’est comme si ce vélo m’avait toujours appartenu.
Les 20 premiers kilomètres étaient plutôt tranquilles puisque nous nous sommes contentés de longer les berges de l’Hers jusqu’à Balma et de rentrer à St-Jean par les Argoulets. Mais j’en voulais plus et j’ai donc proposé d’accompagner Thierry jusqu’à Garidech. Sans lui avoir dit, Thierry a compris que je voulais tester le vélo sur un terrain un peu plus engagé et j’ai été servi car il m’a sorti toute la panoplie : semi-urbain, petits coups de cul bien raides, gravier, pistes herbeuses défoncées le long du Girou pour constater qu’en effet, l’absence de suspension fait prendre conscience de la diversité du terrain.
J’avais bien mérité une petite bière pour compenser le liquide qui s’est évaporé dans ma combinaison !
Le temps de faire la bise à toute la famille et de discuter un peu avec tout le monde et me voilà reparti mais je n’avais pas envie de tirer au plus court. Direction Gragnague et les berges du Girou que j’ai longé jusqu’à St-Pierre sans me rendre compte que j’avais le vent dans le dos, trop occupé à observer les réactions de ma monture en différentes circonstances. Le sourire aux lèvres s’est subitement crispé quand j’ai repris la route dans la direction opposée. Le vent a brutalement soufflé par rafales et m’a semblé glacial, au point d’être content de retrouver des pentes à escalader pour atteindre Lavalette, puis Mondouzil et enfin Saint-Jean.
Une voiture conduite par une dame visiblement distraite m’a d’ailleurs coupé la route sur le dernier rond-point et a manqué de très peu de me renverser si je n’avais pas fait l’écart salvateur. Décidément, mon ami Philippe V. a bien raison de dire qu’il préfère faire du gravel car les routes sont bien trop dangereuses pour les cyclistes et il n’est pas le seul à être de cet avis !
