S’il y a une chose qu’aucun membre de l’association ne peut ignorer (exception faite de ceux qui ne participent à aucune sortie et les tout petits), c’est que presque tous les itinéraires tracés par Thierry comportent à minima un passage labellisé Ô Gravel. C’est la petite touche personnelle du président qui nomme ainsi les passages un peu délicats ou complètement tordus, ceux qui piquent un peu plus que les autres, voire qui occasionnent quelques légers saignements. Même certaines Family Ride n’y coupent pas et certain(e)s s’en rappellent encore, ce qui a valu quelques citations gravées dans le marbre comme Le fou de Garidech ou Marie n’aime pas les ronces (je cite, entre autres).
La Special Ride d’aujourd’hui n’entre pas dans cette catégorie : non, c’est la sortie toute entière qui mérite l’appellation labellisée Ô Gravel ! La forêt de Bouconne au mois de mars, ça promet de ne jamais être simple après les nombreux jours de pluie. C’est même tellement évident que j’ai troqué mon vélo de gravel contre le VTT (musculaire) dont les pneus larges et bien cramponnés promettaient une meilleures accroche.
Je ne suis pas de ceux qui rechignent quand il s’agit de participer à quelque chose qui sort de l’ordinaire, sauf quand je sais que ce n’est vraiment plus à ma portée comme escalader un grand col ou faire des distances qui dépassent l’entendement (… quoique ! on peut presque toujours dépasser les limites qu’on se fixe). Je savais donc que ça n’allait pas être simple mais là, franchement, je ne m’attendais pas à cela.
Premier réveil vers 3h45 après une très courte nuit car la dernière mise à jour du firmware de mon GPS a complètement foiré et l’appareil était à deux doigts de passer à la corbeille. J’ai finalement réussi à le récupérer et a charger mes traces pour la journée vers 1h00 du matin. J’ai pû me rendormir quelques dizaines de minutes jusqu’au moment où le réveil a sonné à 5h00. Comme convenu la veille, Thierry est passé me prendre à 6h30 et nous avons foncé en direction du point de départ, une bonne trentaine de kilomètres plus loin.
Comme nous n’étions pas particulièrement en avance, Thierry a immédiatement imprimé un train d’enfer une fois que nous avons fini de traversé la ville. Difficile pour moi de le suivre avec des roues de 26″ et des pneus larges mais je me suis accroché tant que j’ai pû.
Erreur de ma part car lorsqu’Enzo nous a rattrapé à la hauteur de Tournefeuille, les deux brigands en ont rajouté une couche et j’ai bien senti que mon genou droit allait prendre cher. En même temps, je n’avais pas véritablement le choix : il fallait bien rejoindre les autres participants au lieu de rendez-vous prévu pour le départ de la Special Ride fixé à 8h30. Pour couronner le tout, au lieu de prendre au plus court par la route, Thierry nous a embarqué sur des chemins se terminant dans les champs détrempés.
Le ton était donné pour la suite de la journée et je suis arrivé au carrefour de Lévignac déjà passablement cramé (mais 4 bonnes minutes avant l’heure !).
La plupart des 18 participants (dont 3 femmes, bravo à elles) sont arrivés en voiture, voire en train et étaient donc encore bien propres mais ça n’allait pas durer. Je pense que les différents médias qui illustrent cette périlleuse aventure parleront mieux qu’un long récit alors je dis simplement merci à celles et ceux qui ont pris des photos ou fait des vidéos.
Après 15 kms à patauger dans la boue et les flaques d’eau plus ou moins profondes, il fallait bien se rendre compte que nous ne pourrions jamais effectuer les 55 kms initialement prévus avant le rendez-vous suivant car après le pique-nique, il était prévu d’enchaîner avec la Family Ride. Thierry connait la région comme le fond de sa poche, ça fait plusieurs décennies qu’il en explore les moindres chemins et qu’il y entraîne ses complices. Il n’a donc aucun mal à improviser un plan B mais c’était sans compter que certains passages n’existent plus, sont devenus privés entre temps ou sont tout bonnement impraticables. Nous avons donc fini dans un champs à pousser nos vélos avec de la boue jusqu’au-dessus des chevilles.
D’ordinaire, ce genre de situation m’amuse mais aujourd’hui n’était vraiment pas mon jour. Au fil des kilomètres, mon genou droit m’a supplié d’arrêter de pousser et j’ai fini comme j’ai pû avec tout à gauche dans les moindres pentes. De son côté, Thierry décidément très en jambes, sous un tonnerre d’applaudissements, nous a gratifié d’un petit numéro d’adresse et de force en franchissant une longue et profonde flaque sans presque se mouiller les pieds alors que l’eau arrivait à la hauteur des moyeux. N’est pas funambule qui veut !
Le temps de retrouver quelque énergie en dévorant mon sandwich et quelques barres de céréales, Marie nous a finalement rejoints en voiture vers 13h00 pour prendre le départ de la Family Ride. Finalement réduite à moins de 10 kms et sur un terrain beaucoup plus sec, nous n’étions plus que 6 dont Edouard qui s’est également joint à nous. Edouard est sans aucun doute le plus fort de tout le groupe mais il ne boude jamais des occasions de rouler avec bien plus modeste que lui. J’aime son attitude car il ne rechigne pas à aider ceux qui sont en difficulté.
Marie a également dépassé ses appréhensions car même si le parcours de l’après-midi n’avait pas grand chose à voir avec celui du matin, il lui a quand même fallu franchir quelques obstacles en tenant l’équilibre. Il n’y a pas si longtemps, j’ai bien cru qu’elle ne remonterait jamais sur un vélo.
En résumé, je n’ai que moyennement apprécié cette journée qui s’est soldée par un retour en voiture car j’ai voulu préserver mon genou (voire mêmes les deux) pour ne pas compromettre la Race Across Paris. J’ai à peine fait la moitié des kilomètres prévus et même si j’ai toujours plaisir à retrouver mes amis, je pense que je dois désormais me consacrer uniquement à préparer cet objectif, le premier des quatre que j’ai en tête pour la saison 2024. Saurais-je être assez raisonnable pour le faire ? J’en dote un peu, pour être franc.
